Groupe interreligieux de Moudon

LA TERRE, CORPS DU CRÉATEUR ?

Christianisme et Islam face aux défis écologiques

Pour les religions du Livre, le Transcendant ne se confond pas avec ses créatures. Judaïsme, Christianisme et Islam affirment néanmoins qu’il existe un lien intime entre Dieu et sa création comme le Souffle divin anime mon propre souffle selon l’expression du Grand Rabbin Guedj de Genève*. Nos textes sacrés partent du principe que la terre nous est donnée en héritage et que nous avons à la traiter comme si nous en étions les intendants bienveillants. Pour l’Islam par exemple, la Kaaba, qui symbolise la maison de Dieu est un espace terrestre qui reflète le monde céleste rappelant aux pèlerins la sacralité de la création. Les chrétiens croient que le divin s’est incarné au cœur du monde, dans le tréfond de la chair humaine par le Christ. C’est aussi pourquoi l’individu est à son corps ce que l’humanité est à la planète terre. Il n’y a donc pas de dualité entre le corps et l’esprit : en habitant pleinement mon corps, il devient le pôle où je me ressource en y puisant mon l’énergie, tout comme je reçois de la terre la vie et les ressources pour vivre. Cette approche devrait déterminer la conduite à tenir dans notre relation avec le monde. Comme l’a écrit le Pape François, chaque créature a sa dignité et nous sommes unis par une tendre affection à chacune d’elle.

Déjà au VIIème s. le Coran proclame que Dieu n’aime pas les gaspilleurs. Dans la foulée du Réformateur Calvin (XVIème s.), les protestants parlent de sobriété heureuse. Mais en misant sur le paradigme technocratique, nos civilisations se sont engagées dans un développement effréné donnant libre court à la cupidité, dont on a attribué la responsabilité à une vision dominatrice de l’homme sur la nature tirée à tort ou à raison de la Bible.

La crise écologique et les déséquilibres climatiques qu’elle entraine sont venus rappeler à toutes et tous que nous devons emprunter une autre voie, celle d’une écologie intégrale comprenant bien sûr le respect de la nature et la protection de l’environnement, mais aussi la lutte contre la pauvreté. Faire la paix avec la terre, entre humains et avec tous les êtres vivants est un chemin difficile mais indispensable pour garantir les conditions de vie des générations futures sur notre planète au Nord comme au Sud.

Beaucoup aujourd’hui se désespèrent de notre immobilisme face à l’ampleur de la tâche qui s’annonce. Nos traditions, mais plus encore notre foi, pourraient-elles nous aider à aborder l’avenir avec confiance malgré les obstacles ? Fondées par des prophètes, nos deux religions ne devraient-elles pas inspirer nos comportements pour que nous soyons capables de poser des actes prophétiques dans la société actuelle ?

C’est à ces questions que nous souhaitons consacrer notre rencontre et nos dialogues.

Daniel Alexander 

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Daniel Alexander (079.262.71.74, dcalex@bluewin.ch) Figen Ari (079.942.60.70, figenari001@hotmail.com)