top of page
Charlotte Eidenbenz

Conférence-débat avec le Prof. Pierre Gisel

Dernière mise à jour : 23 nov.


Les monothéismes : judaïsme, christianisme, islam

 

Le 4 novembre 2024 à l'Arzillier à Lausanne

Dans le cadre de la Semaine des religions 2024

Conférencier : Prof. Pierre Gisel, UNIL

Organisation et modération : Dimitri Andronicos, L'Arzillier



Les monothéismes peuvent-ils constituer un facteur de paix ?


Au XIXe, les monothéismes étaient investis comme un progrès de civilisation. Aujourd’hui, c’est l’inverse : ils sont accusés d’être réducteurs et potentiellement totalitaires. Nietzsche écrivait que les Dieux sont morts, morts de rire, le jour où l’un des leurs a dit « il n’y a qu’un seul Dieu. »


Les traditions sont diverses, et chacune a évolué au travers les siècles. Et même au sein d’une même filiation donnée, les divergences sont parfois très fortes. Par exemple, les trois monothéismes ont en commun les cinq grands prophètes mis en avant par l'islam (Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Mohammed), mais les récits respectifs à propos des quatre premiers divergent d'une tradition à l'autre.


Aujourd'hui, en Suisse, on ne sait pas tellement comment penser et problématiser les différences entre les religions et le rapport du religieux avec la société. Les questions de fond sont refoulées. À cela s'ajoute l'effondrement des institutions intermédiaires (mosquées, imams, Églises, etc.) qui faisaient office de médiation entre les individus et la Vérité. Et ce, dans toutes les traditions. De pair avec le règne de l'individualisme et de l'immédiateté, cette absence de médiation entraîne dans les trois monothéismes une radicalisation dans le rapport à la Vérité.


On constate aussi une folklorisation et une acculturation du rapport à la Vérité à travers le refus des traditions et du religieux dans notre société. Les spiritualités sans Dieu ou laïques prennent le dessus. Dans les soins palliatifs tels que pratiqués au sein des institutions hospitalières reconnues, les infirmières tiennent un discours selon lequel les personnes doivent apprendre à libérer l'âme du corps et à accueillir la mort. Cela rend trouble la frontière entre le religieux et le non-religieux.


Les questions jusque-là posées dans les milieux religieux sont réinvesties aujourd'hui dans les différentes spiritualités dont les ouvrages remplissent les rayons dans les librairies. Ces nouveaux mouvements spirituels rejettent les choses imposées et dogmatiques. Notre société rejette son passé et aspire à prendre un nouveau départ immaculé : par exemple, réécrire la Bible pour mieux inclure les femmes. Une Bible parfaite ne donnera lieu à aucune discussion, mais ne restera pas parfaite, car les modes changent. Le rapport à tout ce qui est donné a changé : par exemple, il y a l'illusion que les jeunes choisiront un sexe et une religion lorsqu'ils et elles seront prêt·es.


Le dialogue interreligieux pourrait-il être un prisme pour éviter de tomber dans la folklorisation ou le radicalisme ?


Le dialogue interreligieux exige une certaine épaisseur pour se maintenir dans le dialogue. Il invite à l'écoute de soi et de l'autre, à travailler sur les différences et les éléments communs. Dialoguer sans chercher à tomber d'accord. C'est un véritable défi dans notre société qui tend plutôt à aplatir le monde (clin d'œil à Olivier Roy et ses deux ouvrages « La Sainte Ignorance. Le temps de la religion sans culture » et « L'aplatissement du monde. La crise de la culture et l'empire des normes »).

18 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


Commenting has been turned off.
bottom of page