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Charlotte Eidenbenz

Table ronde sur l'au-delà


Que se passe-t-il après la mort ? Comment les différentes traditions religieuses en présence appréhendent-elles l’après-vie ?

 

Le 2 novembre 2024 à l'Espace Maurice Zundel à Lausanne


Collaboration de l'association de L'Arzillier avec le Toussaint's Festival

Modération : Virgile Rochat, pasteur retraité.


Intervenant·es :

  • Pour le bouddhisme : Christian Fiel, lama Djinpa Dorjé, pratiquant et représentant du centre bouddhiste Rigdzin Tegchok Ling de Lausanne.

  • Pour le catholicisme : Monique Dorsaz, licenciée en théologie, Formatrice d’adultes et coresponsable pour la « Pastorale des familles » dans l’Église catholique du canton de Vaud.

  • Pour l’islam : Farès Abed, diplômé en sciences islamiques, imam durant un an et demi au sein du complexe culturel des musulmans de Lausanne.

  • Pour le judaïsme : Marc Elikan, synagogue de Lausanne, enseignant retraité.

  • Pour le protestantisme : Dimitri Andronicos, théologien, éthicien, codirecteur de Cèdres Formation et codirecteur à l’Arzillier, la maison du dialogue interreligieux à Lausanne.  


Selon le judaïsme

Quand quelqu’un s’en va, on ne s’acharne pas sur le plan médical car c’est contraire à la vie. L’âme est comme une bougie : on la laisse s’éteindre à petit feu. Le futur défunt doit être entouré des personnes qui l’aiment pour lui dire au revoir. Une prière est dite. Le Deutéronome qui réaffirme l’unité de Dieu. La nuit et le jour, la vie et la mort, ce sont des dualismes. Or, il y a une continuité dans l’unité de Dieu. L’immortalité de l’âme est fondamentale dans la tradition juive. Les juifs ne se font pas incinérer. Ils et elles sont enterrées.


Prières dans la maison de la personne défunte pendant un mois. Onze mois plus tard, la pierre tombale symbolise le cycle entre le père, le fils, le petit-fils. Quand le Messie reviendra, il y aura la résurrection des morts qui n’ont pas été incinérés. Il s’agit alors de se repentir de ses actes, de rendre compte des actions que l’on a commises.


Selon le bouddhisme de l'école tibétaine

La vie est essentielle à préparer le moment de la mort et éventuellement ce qui peut se passer après.


Affichée à l’entrée des monastères tibétains, la roue des existences présente 6 états conditionnés et impermanents de l’existence : le monde des dieux, celui des titans, le monde des humains, celui de la vie animale, le monde des esprits affamés et les enfers. Ces mondes se manifestent en obéissant à la loi du karma qui régit la relation de causalité entre les actes et les résultats. Les actions sont engendrées par notre corps, notre parole et notre esprit. L’Esprit est le créateur de toute chose. Tout ce qui est expérimenté l’est à travers notre Esprit.


Il y a trois manières d’agir, positive, négative, neutre. Elles sont les causes de conditions à venir. Tant que l’on reste dans l’ignorance de cette dualité, on subit la relativité du karma.

Tous les êtres ont la pureté intérieure de leur esprit : l’état de Bouddha. Dans le monde relatif du karma, cette pureté est voilée par les émotions, les passions. La voie spirituelle consiste à maîtriser notre esprit. Elle nous libère de la dualité et de la relativité de la causalité des actes et nous permet d’agir pour le bien-être des autres et de les aider à se libérer à leur tour.


Selon la foi catholique romaine

Dieu nous redonne la vie par son Esprit. Les mots nous manquent pour décrire cet au-delà. Être avec le Christ pour toujours. L’idée d’une certaine immédiateté devant le Seigneur concernant ce qu’a été notre vie. Nous imaginons des banquets, des noces, des fêtes lors desquelles nous retrouvons nos défunts après la vie. C’est la communion des Saints : une sorte de solidarité entre les croyants de l’au-delà et les croyant·es d’ici-bas.

 

Le 2 novembre, c’est le jour des défunts. Les catholiques prient pour et avec leurs défunts et pensent que les défunts et les Saints peuvent prier pour nous dans nos vies. Les catholiques prient aussi pour les vivants non-croyants.

 

Le purgatoire : lorsque nous ne sommes pas toujours prêt·es à rencontrer Dieu, un ajustement est nécessaire. Traverser le feu pour être sauvé·e. L’amour de Dieu nous brûle. Ce qui reste est purgé. L’enfer reste une possibilité de la liberté de renoncer au lien avec Dieu. La résurrection de la chair, l’incarnation. L’incinération est pratiquée. Les catholiques pensent qu’il y a une continuité entre cette vie ici-bas et celle de l’au-delà. Vivre en cœur à cœur avec Dieu : c’est le Jugement dernier.


Selon la foi protestante réformée

Tout un chacun a sa propre vision subjective de l’au-delà. Il n’y a pas de médiation pour parler aux défunts. La mort est un vide et une plénitude qui maintient un lieu dans lequel on cherche l’irréparable dans notre relation avec nos morts.

 

En toute confiance, remettre le salut pleinement entre les mains de Dieu. Le Salut témoigne de l’impossibilité de se représenter l’au-delà. Le salut n’est aucunement tributaire de la valeur morale des actions de l’individu. Je peux alors me défaire du souci d’un perfectionnisme qui me rendrait enfin digne du Salut. Soit on s’en remet à Dieu pour le Salut, soit on n’atteint jamais la perfection.

 

La grâce, c’est la pleine obtention du salut qui échappe à notre entendement. Nous pouvons en voir les prémices dans des analogies eucharistiques. Le Christ incarne cette possibilité de cette réconciliation. Dans le Salut, il y a Dieu qui réconcilie et se souvient de tout : de qui nous sommes. C’est au-delà de l’oubli.


 

Discussions avec le public Le suicide

L’islam : le suicide en soi est un péché. Cela n’entraîne pas nécessaire que la personne aille aux Enfers.

 

Le catholicisme : la tradition a beaucoup évolué. On sait que les personnes ne se suicident pas juste pour déplaire à Dieu.

 

Le bouddhisme : il n’y a pas de Dieu créateur. Donc pas de jugement. Une personne qui se suicide n’a pas eu la possibilité de maîtriser ses émotions, sa souffrance et de connaître la véritable essence de son esprit à travers l’expérience intérieure.

 

Le protestantisme : aucun jugement en cas de suicide. Profonde compassion pour les personnes qui se suicident. Dieu ne les abandonne pas.

 

L'enfer

Le protestantisme : les enfers évoquent les déséquilibres disproportionnés vécus par la personne. Dans le protestantisme contemporain, l’enfer, c'est l’absurdité. Je doute si radicalement du Salut que je pourrai m’en exclure moi-même. L’enfer serait alors l’analogie d’une errance. Ce n’est plus un lieu.

 

Le catholicisme : l’enfer est une séparation de Dieu. Ce n’est pas un lieu.

 

L’islam : l’enfer et le Paradis sont des destinations.


Le bouddhisme :  l’enfer est l’expérience intérieure de la souffrance. C’est une projection de notre esprit. Une illusion. Cela ne signifie pas que l’on nie la souffrance. Dans les Enfers, on ne vit pas la plénitude de l’essence de son propre être.

 

Comment atteindre l'état de pureté ?

 

Le bouddhisme : les prières. Pratiquer des prières et autres pratiques pour développer des qualités intérieures : sagesse, altruisme, compassion. Utiliser la dualité des symboles, sans s’y attacher. D’abord, reconnaître notre propre ignorance. Ne pas s’excuser de notre ignorance.

 

Le protestantisme : Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne homme. Donc pas de divinisation de l’humain. Dieu a renoncé à lui-même dans la chair, pour que l’homme puisse entrer dans la profondeur de sa condition humaine.

 

L'angoisse face aux personnes défuntes

Le protestantisme : se remettre à Dieu sans aucune médiation et représentation de l’au-delà et vous avez confiance face à l’au-delà. Cette renonciation ne peut prendre en charge l’angoisse et le vide face à la mort.

 

Le bouddhisme : connaître ses propres mécanismes émotionnels au-delà desquels il n’y a plus d’angoisse.

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